« On est tous esclave Marco, de quelqu’un ou de quelque chose… »
Eric Bouvron, le metteur en scène, m’avait émerveillée il y a un peu plus d’une année de cela, avec sa pièce Les Cavaliers de Joseph Kessel. C’est donc avec l’espoir de retrouver une équipe qui gagne que je me suis rendue au Théâtre de la Bruyère pour y découvrir Marco Polo & l’Hirondelle de Khan.
Le visage connu n’est plus celui de Grégori Baquet mais, cette fois-ci, de Kamel Isker (que j’avais beaucoup apprécié dans La Main de Leïla). Ce dernier interprète Marco Polo à 20 ans, à la cour de l’empereur mongol Kubilai Khan, incarné avec une certaine finesse par Laurent Maurel. Marco est jeune, avide de découvrir ce territoire asiatique et tombe amoureux de l’Hirondelle, l’épouse favorise du Khan. Le Khan, lui, est plus âgé, souffrant mais aussi orgueilleux et autoritaire, tiraillé entre la tranquillité qu’impose son état et son amour pour le combat et l’expansion de son territoire. Commence alors un triangle amoureux tragique qui mélange trois personnalités, trois cultures et trois souffrances.
Marco Polo & l’Hirondelle du Khan, un voyage des sens
Cette pièce, tout comme les Cavaliers, a la particularité d’être nourrie d’une scénographie soignée, minimaliste mais efficace. La musique prend également une place particulière, l’ingénieur du son se trouvant lui-même sur scène, accompagné de plusieurs chanteuses traditionnelles et lyriques. Ces interprètes qui se mélangent au trio amoureux viennent accentuer la dimension tragique de cette histoire d’amour qui ne semble pas avoir le droit de s’exprimer. Comme si les sentiments ne pouvaient vraiment se dire qu’à travers le chant ou la danse. Ce n’est pas pour rien que l’Hirondelle finira avec un unique moyen de dire les choses.
La mise en scène est belle mais… Étrangement, cette pièce m’a beaucoup moins fait vibrer que Les Cavaliers. L’interprétation est assurée par des comédiens de grande qualité mais Kamel Isker est sur un degré d’intensité un peu linéaire. Les chants sont un accompagnement magnifique mais qui arrivent parfois sur des moments où il est difficile de leur donner un sens manifeste. Il y a dans Marco Polo & l’Hirondelle du Khan un je-ne-sais-quoi qui m’a un peu déçue, peut-être était-ce aussi mon niveau d’attente.
Quoi qu’il en soit, Marco Polo & l’Hirondelle du Khan est une belle pièce qui met enfin la culture asiatique ancienne à l’honneur, et a le bonheur de nous faire renouer avec le charme des conquêtes du XIIIe siècle.
Avis : ★★★
Jusqu’au 11 novembre 2017, Théâtre de la Bruyère, Paris
Mes autres critiques :
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