« Ils peuvent le faire, la galère c’est leur moteur » – Les Producteurs
Faire rayonner Broadway à Paris est toujours un pari difficile, mais voilà un défi qui n’a pas effrayé Alexis Michalik, coqueluche contemporaine du théâtre français. Avec « Les Producteurs », il signe la mise en scène de sa première comédie musicale. Un résultat réussi, flamboyant, parfois gâté par un texte qui manque de modernité. Une réussite malgré cela !
Les Producteurs : une comédie musicale géniale pour un texte qui l’est un peu moins
L’histoire, écrite par Mel Brooks, donne le la : dans le New York des années 1950, un producteur en faillite, qui ne survit que grâce à l’argent qu’il soutire à des vieilles dames fortunées, décide, avec l’aide de son comptable qui se rêve producteur, de monter la pire comédie musicale possible, afin de partir avec les montants des assurances des spectacles en cas de flop. Trouvant un auteur néo-nazi à la plume plus que critiquable, ils se trouvent face à un imprévu de taille : le spectacle est en fait une réussite.
Absurde, burlesque, humour noir et amicale des anciens nazis sont bien sûr au rendez-vous. Dans une mise en scène léchée dont Alexis Michalik a le secret, nous voilà partis pour 2 heures de spectacle. Les danses sont magnifiques, l’orchestration huilée, bref, il y a clairement tout de Broadway dans ce spectacle qui n’a à rougir ni du talent de ses comédiens, ni du savoir-faire de ses musiciens, (direction musicale par Dominique Trottein), danseurs (chorégraphies par Johan Nus), et de l’équipe artistique au global.
Le seul bémol demeure néanmoins le texte daté des Producteurs. Dans un monde où #MeToo ne cesse de provoquer le débat, certains propos ou situations demeurent bien choquantes. Ce qui était acceptable dans les années 1960, au temps de l’écriture de Mel Brooks, ne l’est plus nécessairement aujourd’hui. Dans cette pièce où le subversif était d’abord cette mise en scène décalée du nazisme, on retrouve des détails gênants : des rôles féminins quasi vides de toute substance, une représentation de l’homosexualité certes flamboyantes, mais parfois très clichées, et un humour qui, malgré une bonne dose affirmée de second degré, frôle le sexisme. Alors même en se forçant, c’est parfois difficile à avaler. On est malgré tout loin de la finesse d’écriture d’un Book of Mormons.
Les Producteurs reste une magnifique comédie musicale comme on les aime, avec beaucoup d’humour, de talent et des musiques qui restent en tête. On en sort avec l’impression de pouvoir prendre un taxi jaune près de Times Square pour rentrer chez soi. Une réussite.
Avis : ★★★★
Les Producteurs, d’Alexis Michalik
Jusqu’au 8 janvier 2022 au Théâtre de Paris
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